Nuit au coeur d’une dépression

Après 24 heures passées à manoeuvrer dans des conditions instables  et molles pendant que mes camarades tontons profitaient d’un flux établi pour se faire la belle, je viens de vivre 12 heures d’une furie glaciale.

Au beau milieu d’une nuit noire opaque, le vent est subitement  rentré à 45 noeuds accompagné de grains de pluie glaciale et torrentielle. Pour illuminer ce spectacle de fin du monde de puissants éclairs plongeaient dans  l’océan tout autour de nous !

Le troisième ris pris dare-dare, le  bateau lancé pleine balle je reste dans la véranda un moment télécommande de  pilote à la main, fasciné par le spectacle, je reprends mon souffle en attendant  la prochaine maneouvre qui ne saurait tarder.

Ça mollit un peu,  j’attends que ça se confirme et je relâche le 3ème ris.
Le vent adonne aux  premières lueurs du jour, cette fois j’aperçois le prochain grain qui nous fonce  droit dessus. Il est franchement noir, j’ai l’impression que la nuit a décidé de  revenir sur nous ! Il est puissant, le vent monte, le bateau accélère, ça  avoine, c’est parti pour des pointes à plus de 25 noeuds !

Le vent  adonne franchement avec l’arrivée du front froid, il va falloir empanner dans  pas longtemps et saisir le moment pour le faire. Je me concentre bien, surtout  ne rien oublier, et c’est parti ! Solide montée d’adrénaline lorsque la  grand-voile passe et balaye le bateau, je suis en nage mais tout est sous  contrôle, dans ce genre de maneouvre il y a largement de quoi casser du  matos.

Au passage du front les bourrasques atteignent les 40  noeuds, le vent du Sud est glacial, mais pour l’heure je suis loin d’avoir froid  ! Le vent se maintient, je déroule la trinquette et roule le foc, le bateau  ralentit à peine, je lofe pour faire la route.

C’est dommage de  vivre ça tout seul, alors je prends la caméra pour un petit film envoyé à terre.  Le front s’éloigne et le vent se calme à nouveau, il est temps pour un bon café  chaud bien mérité ! Il va falloir d’ici peu renvoyer de la toile, vider un  ballast etc…

C’était, vu de l’intérieur, le passage d’une solide  dépression de l’océan indien et dont le centre n’était vraiment pas loin  !

Dom

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