Dominique Wavre et son voilier Mirabaud ont été victimes hier soir d’une avarie de pilote automatique. « J’étais au téléphone avec Michèle ; il y avait 40 nœuds de vent. Soudain, l’alarme pilote s’est enclenchée ; ça a été très brutal : le voilier est aussitôt parti au lof, puis il a viré de bord et je me suis retrouvé à contre, le voilier couché à 90 degrés. C’est mon plus gros vrac depuis le début de ce Vendée Globe. Comme mes chandeliers sont cassées, une voile est passée à moitié par-dessus bord ; je l’ai récupérée in extremis. J’ai eu très peur : le voilier est ensuite parti en marche arrière, la mer était très mauvaise et je me situais pas loin du coin où nous avions démâté avec Michèle il y a deux ans. Heureusement, la situation est désormais rétablie, j’ai débranché le pilote défectueux et mis l’autre en route. Je navigue désormais à vitesse normale. Mieux : je vais tout de suite aller manœuvrer afin d’accélérer encore un peu. »
Michèle Paret, qui était en communication avec Dominique au moment de l’avarie, a elle aussi passé un très mauvais moment. « Nous parlions normalement », se souvient-elle. « Puis, d’un seul coup, j’ai entendu l’alarme du pilote et le bruit des voiles qui battaient furieusement. Dominique est aussitôt parti à la manœuvre, mais il n’a pas coupé la communication ; j’ai donc tout entendu en direct. C’était terriblement angoissant, car je reconnaissais tous les bruits et je pouvais visualiser ce qui se passait : l’eau qui rentre dans le cockpit, les écoutes qui fouettent la coque, la respiration et les jurons de Dominique, les bruits de pas sur le pont, qui le mènent sur le balcon avant… Je ne pouvais absolument rien faire, et je me sentais totalement impuissante, c’était une attente terrible. Puis, petit à petit, j’ai entendu des bruits plus rassurants : l’écoute de trinquette qui se tend et qui cesse de battre, le cliquetis du moulin à café qui ralentit, signifiant qu’il arrive en bout de course, synonyme d’une nouvelle manœuvre qui se termine. Dans ma tête, j’imaginais : bastaques, quille, écoute de trinquette… Sans savoir qu’en plus il y avait une voile par-dessus bord… C’était un moment atroce. Le pire de ce Vendée Globe pour moi, et certainement pour Dominique aussi. »
Concernant son positionnement à l’est de ses concurrents directs, Dominique précise qu’il s’agit d’un choix délibéré et non pas d’une conséquence de l’avarie de la nuit, même s’il a évidemment perdu beaucoup de temps dans l’aventure. « C’est un investissement à long terme, destiné à me permettre de naviguer avec un meilleur angle lorsque le vent basculera à l’est. Mais on ne saura que dans deux jours si c’était vraiment une bonne option. Par contre il semble que ceux de devant vont ralentir un peu, et je ne serais pas étonné qu’il y ait un regroupement. »