Il y en a qui racontent des histoires de bateaux, de réglages de voiles, le milles gagnés ou perdus… aujourd’hui et pour mon premier billet de « mauvaise humeur » je vous raconte une histoire de douaniers. Coluche l’a fait bien mieux que moi et pourtant j’ai quand même envie de m’y essayer.
Ce matin premier passage de la vedette des douanes, sans doute marocaines. Aucune identification sur la coque, juste un numéro… Ils tournent autour de nous, je monte le son de la vhf mais nous n’aurons aucun appel de leur part. Pour avoir déjà eu quelques contrôles des douanes françaises (jamais en course) nous nous attendions à un peu plus de…, enfin un peu moins de…, bref nous trouvons la procédure surprenante. C’est à 15 heures que la « vedette à numéro », réapparait, avec à son bord des douaniers convaincus sans doute d’avoir flairé LE POISSON !
La vedette reste à proximité de notre Mirabaud calé au près a 7/8 noeuds sur mer lisse et vent léger, ils mettent le zodiac à l’eau nous n’en croyions ni nos yeux, ni nos oreilles. Ils s’approchent et nous font des signes péremptoires nous faisant comprendre qu’il faut arrêter le bateau ! On a beau leur crier que ce n’est pas possible, que l’on est en course, en francais, en anglais et même en suisse…rien n’y fait ! Nous n’y croyions toujours pas, ils nous abordent, nous choquons les voiles totalement hallucinés de devoir ouvrir une telle parenthèse dans notre course.
Deux mots sont prononcés à maintes reprises : papiers et contrôle ! Je regarde Dom qui a l’air ahuri, abasourdi les cheveux en pétard et le barbe naissante après ces trois jours de course, et je me dis que je ne dois sans doute pas être mieux (je peux laisser tomber le plan séduction et de toute façon un douanier n’est pas corruptible!)
A cet instant, me passent par la tète des trucs du genre il va falloir ouvrir le sac de survie et déballer les passeports emballés sous vide dommage mais bon c’est pas bien grave, je remplacerai par un zip-lock piqué dans les sacs repas… (j’essaye de positiver !)… ou encore les copains devant ne vont sûrement pas nous attendre… ou encore, on n’a pas le droit d’embarquer des équipiers on est censés être en double, et nous sommes désormais quatre à bord !
A ce moment là, je pense donc à beaucoup de choses mais j’étais loin de penser à ce que contrôle voulait dire !
Nous appelons la direction de course, qui va agir mais un petit délai nécessaire, laisse malheureusement libre court a nos deux visiteurs…
Je nous croyais a l’abris dans notre cocon en carbone, eh bien pas du tout. Ils ont pris d’assaut notre bord, vidant les sacs de nourriture, les sacs de pièces de rechange, ils ont déchiré les emballages sous vide, ouvert et balancé au sol un convertisseur de rechange et bouquet final, si j’ose dire, sont tombés bien entendu sur le sac de résine et la poudre de silice !! (poudre blanche à mélanger avec la résine pour les collages de composite). Comment alors leur expliquer les choses simplement ? C’est juste impossible. Je me vois déjà tourner en rond derrière les barreaux, à la place de tourner autour de la planète en bateau à voiles !
Puis un coup de fil salvateur sur le téléphone de nos visiteurs sonne le glas du fameux « contrôle », ils nous disent avoir reçu des instructions de leur chef, et disparaissent de notre mer jolie, de notre course et de nos esprits pour le moins confus…
La course peut reprendre… merci le comité de course !